De Versailles à Berlin...chronique estivale
Clara, t'habites où?
Euh...........
Effectivement, je suis un peu une
nomade en ce moment. Il y a peu encore à Célony –
piscine, barbecue, flamenco, coloc du tonerre- ...
puis l'Espagne, et sans transition, PARIS! Enfin, Versailles plutôt, j'avoue, potes à l'ancienne, rien ne change. Paris tout près. Jérôme habite à la maison, ya moyen de kiffer...
Premier taff : brasserie à 30m du château et cars de touristes, croque-monsieurs expédiés 50 par 50. vous imaginez pas tout ce qu'on peut jeter....flippant!
Mais ça, c'est jusqu'à ce que le Trianon Palace ne m'appelle....Il s'agit d'un hôtel 4 étoiles pour grands bourgeois, historique pour avoir été le théâtre des négociations du Traité de Versailles en 19.
Je suis Chef de rang, messieurs-dames! 1700€ de base, sans parler des primes et autres pourboires. C'est du 2000 par mois!
Je réapprends donc le métier chez des puristes : attention au pli de la nappe, comment ouvrir une bouteille avec classe, uniforme et cheveux plaqués, courbettes et champagne rosé...
TOUT TOUT TOUT est prédéfini. Décoration, convenances, sexisme, formules de politesses ultra galvaudées, et une hiérarchie très précise.
Chef de la restauration > managers > maîtres d'hôtels > chefs de rangs > demis chefs de rangs > commis (=larbins). Chacun sa place et ses responsabilités.
Rien n'est laissé au hasard, ce qui permet une certaine efficacité (encore que), mais quelle rigidité, quel monde réac, et tout tourne autour de l'argent...Bon; Un monde à droite au final. C'est pas que l'ordre me dérange, mais j'ai pas trop l'habitude!
Déjà : pas de pitié pour ceux qui sont à la traine, et faut dire qu'on peut pas trop se permettre, forcément. Donc tu tiens le rythme ou tu t'en vas. Et attention hein! C'est pas les 35h! C'est plus des journées de 9 voire 10 heures en fait. Un monde plein de superstitions aussi. Pas de table 13, on ne croise pas les couverts, et un tas d'autres règles que j'ai déjà oubliées...
Vous l'aurez compris, l'ambiance n'est pas folle. Heureusement, on est quelques uns à rigoler ensemble, mais ça reste dur.
En salle, du théâtre! Pour nous en tous cas, les clients, ils sont dans la vraie vie, eux. Plusieurs catégories :
Les grandes familles versaillaises. Habituées, très au courant, et à cheval sur les points des is. Critiques et exigeants donc, mais éduqués de façon à rester polis. Gentils mais froids. Ils trouvent que le service s'est bien dégradé. Ils ont sûrement raison.
Les nouveaux-riches, là pour épater la galerie, capricieux. Exemple-type : monsieur veut impressionner madame (une grande américaine, brushinguée, qui parle pas trop mais bois beaucoup). Champagne? Bien sûr enfin! C'est mercredi! (je n'invente rien).
Les familles « normales », qui fêtent les 80 ans de Mamie au Trianon. Ils sont chous! Tout impressionnés et pleins de compliments. De loin les plus agréables.
Des touristes évidemment. De tous les genres, de toutes les couleurs.
Des hommes d'affaires qui discutent business, c'est aussi un resto pour déjeuners importants. Le cadre est certainement propice aux accords; on a vue sur le parc de Versailles, qui s'étend à perte de vue, et sur les moutons de Marie Antoinette, qui ont à un moment été taggés en rouge par des communistes.... C'est salaud pour les moutons, mais c'est quand même drôle! En effet, on parle surtout bourse, crise financière, ouverture d'usine et plan social à table. D'autres hommes d'affaires, plus crapuleux parlent règlements de compte et chantage, et puis laissent ostensiblement tomber des pourboires de 60€. Je n'invente rien vous dis-je.
Des politiques, ambassadeurs, ministres qataris ou russes, très impressionnants et froids, mais aussi quelques députés, anciens présidents de régions, que je devrais connaître, mais que je ne connais pas...à la table à laquelle je pense, ils n'ont que parler de leurs vignobles respectifs et de la température de leur cave à vin...
Quelques célébrités, enfin : Makélélé et sa douce Noémie Lenoir, Jacques Chirac (qui a commandé un plat de viande et morilles à 48€ pour son chien!), une Nounou d'enfer, Didier Bourdon, Christian Clavier et Zézette, et quelques autres...
Bref, sans entrer dans les détails, ça s'est très mal passé avec Jérôme, et rester à Paris me pesait vraiment. Ayant déjà gagné pas mal de thunes, jme suis barrée à Berlin.
Arrivée impromptue donc ; mais routine, assez rapidement :
cafés, clopes, cafés,
peanut butter, kebap,
footings dans un grand beau parc de Neukölln;
improbables rencontres,
musique de cabaret, NewOrleans, manouche,
swingy evenings au bord du canal....;
traversée du même canal sur un inprobable bateau en forme de cygne, volé la veille par une troupe de musiciens ambulants rencontrés il y a peu.
Dont! mon cher Jimmy, clarinettiste, guitariste, danseur et blagueur de talent...ha!
Vélo,
concerts,
ping-pong,
bière, clopes,
dîners in TOTAL galerie, la galerie de mon frère
« tiny death in a huge ocean » dance performance choreography by Zohar,
sauna avec France,
parties de carte dans une crêperie tenue par des français,
cafés, clopes
lectures et japonais,
flohmarkt, fast nichts verkauft, aber lustig!
Piano-chant à la maison avec
Lionel, mon copai
n jazzman
jam sessions
Dégustation de panse de vache façon nigérianne (jsuis pas fan) avec des Kenyans.
....................
Et puis OOoooOps! Je pars dans 10 jours à Kyoto!!!
retour à la maison, préparatifs et adieux assidus...
A l'heure où j'écris, j'ai 4h de transit à Helsinki (le sud de la finlande est très jolie, très boisée et parsemé de petits lacs, vue de haut), et je regarde décoller les avions, tout en me rappelant petit à petit tout ce que j'ai oublié à Paris. En route pour le Japon....
C'est vraiment fou, la vie.