Girls around the world

Les voyages forment la jeunesse, il paraît… En tout cas c’est vrai qu’ils nous placent en face de situations inédites. Cette nuit, vers 3h du matin, j’ai été réveillée par des cris dans le couloir de l’appart. Un de mes colocs était en train d’insulter sa copine pour une histoire de gars à qui elle avait donné son numéro… et il s’est rapidement mis à menacer de la frapper (l’« exploser contre le mur » plus précisément). Le plus terrifiant était le ton monocorde qu’il avait, il débitait un flot d’injures et de menaces d’un air posé, alors qu’elle était en larmes et criait qu’elle n’avait rien fait. Quand j’ai entendu des bruits de coups et la fille crier de douleur, je n’ai pas pris le temps de réfléchir et ai appelé la police (je suppose qu’a posteriori, la vision surréaliste de moi en train de tourner les pages de mon Lonely Planet comme une folle pour essayer de trouver les numéros d’urgence en Australie sans y arriver tellement mes mains tremblaient peut paraître assez comique, dans le registre humour noir). Quand les flics sont arrivés, mon coloc était tellement bourré qu’il n’a même pas eu l’air surpris de les voir et a commencé à leur raconter « Ecoutes mec, j’essaye de savoir qui a appelé ma copine »… Finalement ils ont parlé aux deux séparément, et Rachel a refusé d’admettre qu’il l’avait frappée et assuré que c’était un mec bien, mais je sais ce que j’ai entendu. Elle a même refusé qu’ils l’emmènent pour la nuit et l’a juste fait dormir sur le canapé… Les deux m’ont dit « Sorry Marie » en me serrant dans leurs bras (ils étaient ivres morts) et les choses se sont calmées. Je ne peux rien faire d’autre, et de toute façon c’était peut-être la première fois que ça arrivait et qu’il a seulement perdu le contrôle de lui-même à cause de l’alcool, mais j’avoue que dire « Hey, how’re ya doin’ mate ? » d’un air naturel à mon coloc quand je le recroiserai en ayant encore en tête le ton glaçant qu’il avait en la frappant, ça va être difficile… Mais je crois que je vais attendre de voir si la situation se reproduit avant de penser à déménager.

Claire et Dominic, le deuxième couple qui vit dans l’appart, déménagent ce week-end. A mon plus grand bonheur puisque (même si l’absence de violence domestique dans leur couple les fait tout d’un coup paraître beaucoup plus sympathiques, tout est une question de point de vue) ils se disputent tous les jours et que, quelque soit le degré de feng-shuitude de l’appartement, rester zen au milieu des cris incessants commence à relever de la mission impossible. Malgré tous mes efforts de pression auprès du manager de l’appart ce sont 2 Françaises qui vont emménager… ce n’est pas ça qui va aider mon anglais, mais elles avaient l’air sympa lors de la visite, c’est déjà ça.

Nouveau rebondissement dans ma chaotique carrière de serveuse puisque je commence aujourd’hui un nouveau job au Paris-Go, un bistrot à deux rues de chez moi où je suis malgré le nom la seule Française. Je ne m’emballe pas trop puisque mon cerveau a fini par intégrer la précarité qui est la loi de ce pays, mais en attendant ça me fait un salaire en bossant tranquille dans un endroit sympa.

Pardon pour ce post un peu glauque, en même temps c’est ça aussi l’année à l’étranger : des hauts… et des bas.